Des Robots et des hommes
Pour approfondir la question et en appui de ce qu’expose le Dr Laurence Vanin, vous trouverez ci-dessous des textes qui vous permettront de mieux appréhender le sujet.
Cette IA définit la conscience en termes de comportement que les machines vont tenter d’imiter, voire de dépasser. Il s’agit ici de ce que la langue anglaise nomme awareness, forme de conscience permettant d’interagir avec l’environnement. Cette forme est bien différente de la consciousness qui éprouve ce qui est. S’il est normal que l’IA s’intéresse à la première forme de conscience, il ne faudrait pas pour autant réduire la conscience humaine à ce seul aspect et la « vider » de sa dimension d’intériorité et de profondeur.
Thierry MAGNIN, Penser l’Humain au temps de l’homme augmenté. Editions Albin Michel, p. 75.
Les désirs de l’homme sont insatiables : il est dans sa nature de vouloir et de pouvoir tout désirer, il n’est pas à sa portée de tout acquérir. Il en résulte pour lui un mécontentement habituel et le dégoût de ce qu’il possède ; c’est ce qui lui fait blâmer le présent, louer le passé, désirer l’avenir, et tout cela sans aucun motif raisonnable.
Machiavel, Discours sur la première décade de Tite-Live, op. cit.,II, avant-propos.
l’impression s’installe néanmoins d’avoir affaire à « quelqu’un » qui s’intéresse vraiment à vous. Dans les maisons de retraite, des personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer jouent avec Nao et sortent de leur solitude. Des enfants autistes trouvent dans ce même Nao un compagnon avec qui échanger, moins inquiétant pour eux qu’une personne réelle. Le robot devient médiateur. Il n’embarrasse pas ses interlocuteurs avec ses propres émotions puisqu’il n’en a pas, il peut donc jouer le rôle du compagnon attentif, toujours disponible.
Charles-Edouard BOUEE, La chute de l’empire humain, Edition Grasset, Les robots ou l’incarnation de l’intelligence artificielle, p. 108.
Les hommes vont devoir apprendre à vivre avec Atlas, Cheeta, Nao, Pepper, Horne, Echo, Groove X, Asimo, qui, dans des fonctions diverses, vont faire partie de leur quotidien. Ils forment une tribu étrange, dont rien n’indiquait, il y a une dizaine d’années, qu’elle cohabiterait avec l’être humain. Aux temps de la colonisation de l’Amérique, les Indiens croyaient qu’en tuant les Blancs qui pénétraient sur leur territoire, ils finiraient par éteindre l’invasion. Jusqu’à ce que l’on invite des chefs à Washington, pour leur faire toucher du doigt l’affreuse réalité : les Blancs étaient trop nombreux, jamais il ne serait possible de les tuer tous. Il fallait donc se résigner à ce qu’ils s’installent au pays de leurs ancêtres. Avec les robots, le monde est-il à la veille d’un tel processus ? Seront-ils tellement nombreux, un jour, que l’homme pourrait être dépossédé de son espace vital ?